LIZARD : On The Road Live (2015)

Musicians :

Ruben Killian - lead vocals
Christoph Berner - guitar
Volker Dörfler - guitar
Ralf Mende - bass & vocals
Klaus Brosowski - keyboards
Helmut Kipp - drums & percussion
Wolgang Rosner - drums & percussion

Titles:

1 I Don’t you Know

2 Tell Me

3 Fire on The Mountain

4 Whipping Post

5 Don’t Waste Your Life

6 Doin’ It Again

7 Coming Home

8 Moving On

9 Simple Man

10 Worry No More

Depuis longtemps, il n’est plus besoin de présenter ce groupe allemand. Certes, il n’a pas atteint la même notoriété que ses collègues Scorpions ou Michael Schenker Group car il a choisi de s’exprimer dans le difficile registre du rock sudiste, se condamnant peut-être ainsi à la confidentialité. Cependant, ce combo a acquis une solide réputation dans le petit monde du rock sudiste européen, et ceci pour deux raisons. D’abord, les musiciens qui le composent sont tous d’excellents techniciens qui peuvent rivaliser sans problème avec leurs homologues américains (ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas avec ce type de formations). Ensuite, ils ont été parrainés par Bruce Brookshire, le leader de Doc Holliday, ce qui leur confère une certaine légitimité (un peu comme la remise des couleurs d’un des grands clubs des USA à des bikers de la Vieille Europe). Le malheur a frappé le groupe de plein fouet avec le décès du chanteur Georg Bayer et l’avenir a paru bien incertain pendant un moment. Mais les mecs de Lizard ont repris la route avec un nouveau « frontman » pour faire ce qu’ils connaissent le mieux, c'est-à-dire de la musique. Leur dernière production discographique présente un « best of » de deux concerts ayant eu lieu les 23 et 24 avril 2015 en Allemagne. Ruben Killian, le nouveau vocaliste, assure bien et ajoute son style aux anciennes chansons du regretté Georg Bayer. Les autres musicos se défoncent et le son d’ensemble, clair et correct, bénéficie d’une certaine amplitude (sans doute en raison des deux batteurs sur scène). Dès le premier titre, on constate que les gars de Lizard n’ont rien perdu de leur verve avec l’entraînant « Don’t you know » et ses guitares harmonisées. On a droit à un solo d’orgue, un break à la mise en place parfaite et un très bon solo de guitare se terminant par des parties à la tierce. Lizard suit les traces de Doc Holliday (pas étonnant) sur « Tell me », un excellent « Southern rock » avec une slide entêtante qui sonne on ne peut plus sudiste et un refrain teinté de country. L’ombre des Georgia Satellites plane sur « Don’t waste your life » et la ballade « Coming home » respecte la tradition sudiste avec un final accéléré et des échanges de guitares. « Moving on » (un « Southern rock-blues » syncopé et swinguant co-signé par Bruce Brookshire) offre un break avec les deux batteries, des guitares à la tierce qui reprennent le thème du morceau et un bon solo d’orgue final. Effectivement, on sent bien la patte de Bruce. « Worry no more » (encore co-signé par Bruce Brookshire), un « Southern swamp- rock » au rythme lancinant, dégage une ambiance marécageuse et envoie un solo de slide expert. Après ces bons moments, il faut aborder le délicat chapitre des reprises. Déjà, le nombre étonne : quatre ! Sur dix morceaux, cela fait beaucoup et on aurait sans doute préféré plus de titres personnels (bon, il est vrai que ce disque retrace brièvement deux shows consécutifs mais quand même). Ensuite, qu’un groupe reprenne en concert un titre d’une de leurs idoles, ce serait plutôt sympa mais il ne faut pas en abuser même si l’héritage musical et le respect de la tradition sont les deux piliers du rock sudiste (bien sûr, encore une fois, difficile de juger car l’album résume deux concerts). Bon, malgré ces légères critiques, on se tape un petit tour d’horizon. Lizard balance une bonne reprise de « Fire on the mountain » du Marshall Tucker Band, même si cette version ressemble à s’y méprendre à celle de Doc Holliday. Puisque l’on parle du Doc, le combo reprend aussi très honnêtement « Doin’ it again » en incluant les noms des membres de Lizard dans le dernier couplet (ce qui est bien normal). Notons également une version assez personnelle du « Simple man » de Lynyrd Skynyrd, parsemée de plans de guitare en « violoning » sur les couplets et avec un solo à la tierce correctement exécuté. Mieux vaut ajouter sa propre touche quand on reprend Lynyrd Skynyrd ou gare à la casse ! Seul « Whipping post » ne semble pas très convaincant car, malgré une bonne slide et deux batteries, on ne ressent pas le feeling sudiste. Hormis ces petits défauts, cet album nous rassure sur la santé et l’avenir de Lizard, un excellent groupe qui semble avoir encore de très belles années devant lui. Ouf ! On a eu chaud !

Olivier Aubry